Le rapport établi par l'ONU en 1996 et intitulé « Impact des con.its armés sur les enfants », largement connu sous le nom d'Étude Machel, a été le premier à appeler l'attention de la communauté internationale sur les problèmes auxquels sont confrontés les enfants en période de con.it armé. Dix ans après, il a été décidé de procéder à un examen stratégique pour évaluer les progrès réalisés et dé.nir les principales tâches restant à accomplir, et priorités à respecter, dans le programme pour les enfants et les con.its armés. Le rapport qui en résulte doit être présenté à l'Assemblée générale en octobre 2007, en attendant la publication, l'année prochaine, d'une analyse et de conclusions plus détaillées.
La présente publication, destinée à accompagner l'examen stratégique décennal de l'Étude Machel, réunit les vues et recommandations de quelque 1 700 enfants et jeunes de 92 pays, territoires et régions. Elles sont une contribution essentielle à l'examen et ont été recueillies dans le cadre d'une série de discussions de groupe et d'un questionnaire en ligne.
Animées par l'UNICEF, l'UNFPA et des ONG dans 18 pays, les discussions de groupe ont permis à 1 385 participants d'intervenir dans 125 groupes de discussion. Les discussions ont été menées dans des pays ayant récemment connu un con.it ou en proie à un con.it. L'enquête en ligne a reçu 385 réponses de 92 pays, territoires et régions au total; la majorité de ces réponses (78 %) provenaient des pays en développement.
Les discussions de groupe étaient organisées à l'intention d'enfants et de jeunes qui avaient été eux-mêmes affectés par des con.its, et les participants ont parlé de la façon dont ces con.its les avaient affectés. Les animateurs se sont employés à garantir un climat de sécurité, à utiliser la langue locale, le cas échéant, et, pour ainsi dire, à « réconforter » les participants en dépit des dé.s singuliers que chaque pays doit relever.
Au Rwanda, par exemple, les participants ont demandé de présenter leurs réponses par écrit, car ils estimaient que parler de ce qu'ils avaient vécu devant un groupe rouvrirait trop de blessures. En Somalie, une discussion de groupe a été organisée dans le cadre d'une émission de radio au cours de laquelle plus de 140 enfants et jeunes ont appelé la station pour parler de ce qu'ils avaient vécu.
Les pages qui suivent reproduisent un large éventail de voix, de préoccupations et d'exigences .xées par ces discussions et ces questionnaires informatisés. Pour plus d'informations : www.unicef.org/voy/french.
Le présent rapport a été rédigé et mis au point par Vidar Ekehaug, du Réseau global Action jeunesse (GYAN), et Chernor Bah, Membre du Programme Spécial de l'UNFPA pour les Jeunes. Il convient de remercier également Mima Perisic, Naseem Awl et la Division de la communication de l'UNICEF, Cécile Mazzacurati et David Del Vecchio de l'UNFPA, Susan Nicolai, du Secrétariat de l'Étude Machel, Jenny Perlman Robinson, de la Commission des femmes pour les femmes et les enfants réfugiés, et tous les membres de l'équipe du GYAN.
Nous sommes des enfants déplacés.
Nous sommes des enfants qui ont été utilisés par des groupes armés.
Nous sommes des orphelins.
Nous sommes des enfants des rues.
Nous sommes des .lles qui vendent leur corps pour survivre.
Nous sommes des enfants qui doivent travailler.
Nous sommes des enfants qui ne peuvent pas aller à l'école.
Nous sommes des enfants handicapés.
Nous sommes des enfants séropositifs.
Nous sommes des enfants détenus.
Nous sommes des .lles qui ont été violées. Nous sommes des enfants qui s'occupent de leurs frères et sœurs. Nous sommes des enfants privés d'enfance.
« Nous avons tous perdu une partie de notre vie et elle ne reviendra jamais. » Un jeune homme de 18 ans, au Burundi
Nous venons d'Afghanistan, d'Angola, du Burundi, de Colombie, d'Haïti, d'Iraq, du Kosovo (Serbie), du Libéria, du Népal, d'Ouganda, des Philippines, de République centrafricaine, du Rwanda, de Sierra Leone, de Somalie, du Soudan, de Sri Lanka, du Territoire palestinien occupé et de beaucoup d'autres pays.
Nous ne vous dirons pas notre nom car cela pourrait être dangereux pour nous.
Nous avons tous une chose en commun : notre vie a été affectée par un con.it armé. C'est pourquoi, même si nous venons d'endroits différents et nos problèmes ne sont pas toujours les mêmes, nous parlons d'une seule voix.
Nous n'avons pas encore tout à fait perdu espoir. Nous voulons toujours aller à l'école et jouer avec nos amis.
Nous voulons contribuer à instaurer la paix dans notre société et à améliorer la vie sur la planète. Nous avons encore de grandes espérances.
Pour certains d'entre nous, le fait de nous rencontrer pour les besoins de ce rapport nous a donné l'occasion de relater notre expérience entre amis, ce qui arrive rarement. Cela nous a aussi donné l'occasion de vous dire en.n ce que nous éprouvons et ce que nous pensons.
Mais il ne suf.t pas de parler. Assisterons-nous à un changement quelconque une fois que vous vous serez rencontrés pour parler de nous ? Entendrez-vous notre voix et tiendrez-vous compte de ce que nous vous disons ?
Nous avons de l'énergie à revendre et sommes bien déterminés à lutter pour notre avenir. Beaucoup d'entre nous sont déjà passés à l'action. Pouvons-nous compter sur vous ?